06 juillet 2006

 

Conséquences cachées mais terriblement concrètes des «réformes» récentes.

L'Association Médicale de Défense de la Déontologie et des Droits des Malades enquête depuis le mois de mai auprès des médecins et des malades afin d'établir les conséquences cachées mais terriblement concrètes des «réformes» récentes.

Voici le communiqué n°1 relatif aux premiers résultats de cette enquête.

1) Forfaits et déremboursements :
o 43,8% des patients signalent des difficultés liées aux forfaits et aux
déremboursements,
o 29% ont retardé des examens et/ou le début d'un traitement,
o 17% ont dû y renoncer.

Derrière ces chiffres, il y a des malades :
« Je suis atteinte d'un cancer. Je trouve inadmissible de devoir payer ces forfaits. Je n'ai pas toujours 20 € pour payer le médecin ».
« Moins d'argent moins de soins. Sélection de qualité des soins, donc de vie, par l'argent ».
« Je suis en ALD. A la moitié de l'année, j'ai déjà dépassé le seuil des 50 € qui me seraient utiles, pour payer mes médicaments déremboursés par exemple ».
« J'ai une mucoviscidose. L'Ultralevure qui m'est indispensable pour supporter les antibiotiques n'est plus remboursée. Idem pour les mucolytiques et les vitamines pourtant indispensables. ».
« Plus on est malade, plus on paye ».


Forfaits et déremboursements pénalisent les plus malades et, parmi ceux-ci, ceux qui n'ont pas d'argent.
Est-il acceptable que des patients soient contraints de retarder ou de renoncer à leurs soins parce qu'ils ne peuvent pas payer ?

2) Le dispositif du médecin traitant-parcours de soins :
o 59,7% des patients signalent des difficultés liées au parcours de soins,
o 49% des réponses font état d'une pénalisation de remboursement,
o 32,8% notent un accès retardé à un spécialiste,
o et 4,4%, un accès retardé à l'hôpital.

Que disent les patients ?
« Avec le dispositif du médecin traitant, on est toujours dans l'hésitation ».
« Tout est organisé pour que les soins soient moins bien remboursés et plus compliqués pour les patients ».
« Mon médecin traitant prend du pouvoir sur moi, juge mes démarches, m'engueule comme une enfant, refuse de m'envoyer chez certains spécialistes.»


3) L'hôpital :
o 50,7% des malades ont rencontré des difficultés à l'hôpital,
o 28,6% aux urgences,
o 25% pour obtenir un rendez-vous en consultation,
o 8,8% des patients indiquent que leur hôpital a été fermé.

«La durée d'hospitalisation est de plus en plus réduite. A peine sorti du bloc opératoire « rentrez chez vous » ».
« Une personne de ma famille est restée 4 jours dans le couloir des urgences. Soins et piqûres dans le couloir ».
« Les dispensaires sont fermés. Les hôpitaux ferment. Où se faire soigner ? »


4° Les personnes âgées :
Elles sont particulièrement touchées.
Des difficultés sont signalées par 68,9% des personnes concernées : 42 % pour une consultation spécialisée, 35,5% pour une hospitalisation, et 26,7% pour des soins à domicile.

« Le jour de Pâques, mon père 89 ans devait être hospitalisé en urgence. Les deux cliniques proches de son domicile ont refusé de le recevoir. Depuis, il est décédé d'une leucémie ».

5) Les enfants aussi :
o 22% des personnes concernées déclarent avoir des difficultés pour faire
o soigner leurs enfants,
o 72% jugent le suivi médical en milieu scolaire « mauvais ou inexistant »,
o Les difficultés de prise en charge des handicapés en établissement spécialisé sont rencontrées dans 77% des cas, toujours du fait de listes d'attente de 1 à 3 ans, voire plus.

« J'ai deux fils adultes handicapés mentaux. Les listes d'attente pour leur trouver un foyer d'hébergement ont été respectivement de 5 et 10 ans et ce n'est pas encore certain pour l'un d'eux ».


6) La Sécurité sociale :
o Le délai moyen de remboursement par la Sécurité sociale est de 24,3 jours
(de 4 jours -avec la carte vitale- à 3 mois).
o de nombreux patients indiquent qu'ils utilisent la carte vitale parce qu'ils ont
besoin d'être remboursés plus rapidement.
o 9,2% notent que leur centre de Sécurité sociale a été fermé,
o 19% doivent passer par une plateforme téléphonique,
o 60% n'ont plus la possibilité de faire rembourser dans la journée leurs soins urgents,
o les mutuelles ont augmenté leurs cotisations dans 67% des cas ?
o leurs cotisations sont plus élevées pour les retraités dans 24,4% des cas.

Que disent les patients ?
« 2 mois d'attente pour toucher mes indemnités journalières. J'en ai souffert ».
« Un recul social sans précédent : forfaits 1 euro, 18 euros, 15 euros, CSG, et CRDS prélevés sur chaque jour d'indemnités journalières. On attend les remboursements 4 à 5 semaines. Malheur aux pauvres ».
« Qu'on nous rende la Sécurité sociale de 1945 ».
« J'ai un besoin urgent de prothèse pour l'oreille droite celle de gauche n'étant plus appareillable. Avec une petite pension de retraitée TOS et de reversion SNCF de mon mari, je ne peux pas honorer le restant des prestations à ma charge sur cette prothèse. Il me faut vivre péniblement mon quotidien avec ce handicap qui ne cesse de s'amplifier. Faut-il envisager un emprunt ? Sauvons notre Sécurité sociale qui nous permet l'égalité des soins, sans soucis financiers, et pour tous.»


L'AMDDDM rappelle solennellement ce qu'écrivait son Président, le Professeur François Guérin, en juillet 2004, avant que soit promulguée la loi de « réforme » de l'Assurance maladie :
« Avant la création de la Sécurité sociale en 1945, l'accession aux soins était quasiment impossible pour les malades les plus démunis et se résumait à une éventuelle hospitalisation dans des hôpitaux vétustes aux moyens très limités.
La reconnaissance en 1945 du Droit à la Santé et la possibilité de financer les dépenses qui découlaient de ce Droit grâce à la solidarité a permis une amélioration rapide des conditions dans lesquelles tous les malades pouvaient accéder aux soins.
C'est ainsi que le taux de mortalité infantile a été divisé par 10 en 50 ans, passant de 52/1000 en 1950 à 5/1000 actuellement et que la longévité féminine française est devenue la 2ème du monde avec une espérance de vie de 83 ans au lieu de 69,3 en 1950.
C'est l'ensemble de ces progrès que la « réforme » de l'assurance maladie va remettre en cause. Nous ne pouvons accepter que, pour de faux arguments économiques et financiers, nous assistions à un tel recul ».

Les premiers résultats de l'enquête de l'AMDDDM l'établissent : le recul est là, inacceptable.
Est-il admissible que des patients, parce qu'ils n'ont pas les moyens de faire face aux charges de plus en plus lourdes qui désormais pèsent sur eux, soient amenés à retarder ou même à renoncer à leur traitement ?
Alors qu'on vante la « prévention », ces patients sont mis en situation de ne consulter que quand ils ne pourront plus faire autrement.
Leurs pathologies seront alors plus graves, plus évoluées. Parfois même il sera trop tard.
A-t-on le droit de prendre de tels risques avec la vie humaine ?
Un médecin ne peut l'admettre.

PS : Merci de nous aider à poursuivre et amplifier cette enquête.
>>>>>> Médecins comme Patients peuvent se procurer les questionnaires à :


Association Médicale de Défense de la Déontologie et des Droits des Malades (AMDDDM) :
18 voie Méhul 94400-VITRY. (Tél/fax 01 46 78 79 98)
et par courriel à : pierre.debat@tiscali.fr





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